L’ÉPOUVANTAIL DEVENU MANNEQUIN : (113)

L’ÉPOUVANTAIL DEVENU MANNEQUIN : (113)

Un épouvantail.
Oublié dans un champ.
Déserté de toutes récoltes.
Les oiseaux n’avaient plus peur de lui.
Même qu’une alouette avait fait de son épaule sa demeure.

Pauvre épouvantail.
Il se sentait bien inutile.
S’il n’avait pas son petit compagnon qu’il avait cessé d’effrayer.
Voilà que le changement de saison s’annonce.
Son locataire partit vers d’autres cieux.

L’épouvantail se sentit abandonner.
Ses vêtements perdirent de leurs couleurs.
Malgré le vent d’automne.
Ses habits prirent de la noircissure.
Ainsi que la moelle de sa paille pourrissait.

Après un hiver blanc, l’épouvantail espérait une terre labourée.
Le temps se rallongeait ; malheureusement, jamais plus le terrain ne sera nourricier.
Un coucou s’appropria un nid qu’il prit pour abandonner pour y poser ses œufs.
Il jouissait de son chapeau comme unique protection pour les nouveau-nés.
Quelques passants immobilisaient le drôle de bonhomme en photo.

Les saisons passèrent. L’épouvantail infiniment immobile.
Une hirondelle posa sa carte de visite avant de s’en aller à son tour.
Trouvant suffisamment d’humidité, il en germa une capucine.
Offrant ainsi une meilleure mine à notre ami, le gardien des lieux.
Déjà, le dernier trimestre était de retour et les cycles se répétèrent.

Notre épouvantail se mit à décliner.
C’est là qu’un couturier croissait chemin.
Voyant que ce malheureux ne servit plus à  grand-chose.
Profitant d’une période moins humide, il emporta le désespéré.
Tout en prenant soin de son contenu.

Le tailleur, lui aussi seul ; prit notre épouvantail comme hôte.
Lui offrit une place à proximité d’un endroit chauffé.
Comme le bon samaritain, il confia notre épouvantail au chaud.
Longtemps, il lui fallut, pour qu’il soit consolidé.
Une fois bien au sec, il put enfin être débarrassé de ses vieilles loques.

Et voici, l’épouvantail mis à nu.
Dévêtu derrière une vitrine, il reçut son nouvel emplacement.
Pour être aussitôt vêtu d’un costume flambant neuf.
Après un instant de honte, fièrement, il fit étalage.
C’est ainsi qu’il attrait vers lui les promeneurs qui le reconnurent.

Et voicinotre épouvantail devenu mannequin.
Morale de l’histoire ; ne baisez jamais les bras.
Jamais personne n’est superflu.
Tout problème trouve une solution.
Il suffit que quelqu’un vous tende les mains.

3090 OVERIJSE ( Belgica ) le vendredi 28 mai 2010.
www.lemmiath.com

Thierry MAFFEI.

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