FLEURS IMPÉRIALES : (48)
L’automne déjà bien entamé.
Le combat entre l’été et l’hiver est ouvert.
En ces premières heures de novembre, une nuée couvre le cimetière.
Un épais brouillard camoufle le denier feuillage vert.
À petits pas, j’avance, secouant les feuilles agonisantes sur le sol piétiné.
Après une nuit ensorcelée, je retrouve la quiétude.
Au premier matin du onzième mois, ma mémoire s’éveille.
Tu décores mes ancêtres d’une fleur impériale.
Éclaire ainsi une âme immortelle.
Une feuille morte qui semble ténébreuse donne soudainement de la dorure sur la tombe.
Un moment de silence comme si le ciel s’en mêlait pose une éclaircie sur la pierre.
Une simple prière m’unit d’un court instant entre ciel et terre par une discrète intercession.
Me promène de stèle en stèle, tout en oraison, à chaque nom.
J’imagine chaque dépouille, comme ayant contribué à un monde meilleur.
Néglige toute différence d’appartenance ; car tous sommes égaux, face à l’éternité.
Demain est une nouvelle aurore.
En cette deuxième journée la gelée aura-t-elle raison sur les chrysanthèmes fragiles ?
Pendant qu’une autre continuera de fleurir sous mon toit près de ceux que j’aime toujours.
À la onzième heure du onzième jour.
Comme seule décoration.
Encore une fleur impériale, pour toutes personnes sacrifiées.
Les dernières semaines se déroulent.
Sous la grisaille.
Les fleurs impériales se font oublier.
Trente novembre, tout est mort ; le gel aura vaincu.
Toutes les feuilles sont tombées ; comme si dame nature avait le mot final.
Tout est fini ; couvert d’une couette blanche ; dans l’attente d’une vie printanière.
3090 OVERIJSE ( Belgica ), le vendredi 30 octobre 2015.
Thierry MAFFEI.