Le cougnou et le chocolat chaud: (6)
Sous le pont de Saint-Lazare vit un vieil homme aux cheveux et barbes blanches.
Quelques cartons récupérés, comme seuls meubles.
Un vieux chien blanc comme compagnon.
Quelques péniches pour voisinage.
Des vieilles lanternes qui illuminent l’ancien pont lui servent de flambeau.
La mendicité est son gagne-pain.
L’hiver qui vient de sonner, pendant que les rues sombrent enluminées de lumières festives.
Ce soir-là, attiré par le son des cloches, il se mélange dans la foule qui y court.
Apaisé par des chants d’une douce sérénité, il finit par se fondre dans cette immense assemblée.
Semblable à un conte de fées, il écoute les paroles qui lui évoquent sa petite enfance.
Après avoir reçu un baiser de paix, aspiré par la populace, il tend la main, sans vraiment comprendre de ce qu’il va recevoir.
Tout en regardant le petit enfant, qui comme lui n’avait pas grand-chose pour dormir.
Après la cérémonie, pour la première fois de sa vie, il se fait inviter à partager le cougnou et un chocolat chaud pour se réchauffer le cœur.
Même que ce soir-là, on lui dit joyeuses fêtes.
La nuit, déjà bien entamées, les portes se préparent à se refermer.
Une dernière fois, il s’incline devant le nouveau-né qui comme un frère lui ouvre les mains.
Un chalereux sourire sur le visage de Marie remémore son affectueuse maman, qu’il n’a jamais eue.
Pour la première fois, il a le sentiment d’avoir un papa.
La fête se termine pour lui, il retourne sous son pont, près de ces péniches où son fidèle compagnon l’attend.
Depuis ce soir-là; rien ne sera plus jamais comme avant; il a enfin découvert un peu de chaleur humaine.
3090 OVERIJSE (Belgica), le dimanche 30 novembre 2014.
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Thierry MAFFEI.
2 Commentaires
Le cougnou, je ne connais pas mais ce que je perçois ici est ta grande bonté d’âme.
Un texte à lire et à relire. Bravo ! GUY
Auteur
Le cougnou est un pain au lait en forme de petit Jésus. Il est accompagné de raisins secs, ou de sucre ou de chocolat. La tradition veut qu’il se mange après la messe de minuit accompagné d’un chocolat chaud.
De nos temps modernes, il se mange plutôt au petit déjeuner du jour de Noël.