Une feuille noircie(10)
Un vieux hibou devant une fenêtre ouverte sur le monde.
Le clair de lune entourée d’un ciel étoilé comme seule lumière.
Jouissant d’une clarté intérieure, lui sert d’abat-jour.
Accrocher à sa chaise l’oiseau nocturne encore à moitié endormi s’éveille.
Émerveillé d’une nuit nouvelle.
Devant lui, une table à peine vêtue d’une feuille vierge.
À sa gauche, un vase rempli d’une eau vive.
Une rose d’un rouge vif occupe le cristal d’une transparence éclatante.
À sa droite, un encrier de porcelaine blanche comme unique bijou.
Ce dernier contraste avec l’encre noire qui sagement patiente
Soudainement, une plume se perd et s’envole.
Termine son pauvre voyage dans l’encrier.
Cherche, de se sauver comme elle peut.
À l’aide du goulot ; honteuse ; rends un maximum à son propriétaire, tout en s’excusant.
Gêné, il se voit sali, ne sachant où se mettre.
Essai de s’essuyer au papier immaculé, formant ainsi une première lettre.
Malpropre, replonge aussitôt dans l’encrier.
Cette fois, d’un grand sans-gêne, renvoie à son locateur d’un air moqué son reste.
Noircis un peu plus la page d’une deuxième lettre.
Assez de force pour développer une troisième, ce n’est pas sans fierté qu’elle écrit son premier mot.
Interromps son jeu, d’une virgule, sans omettre de se replonger.
C’est toute une phrase qu’elle compose ; achève sa flânerie d’une exclamation !
Continue son nouveau divertissement ; sans oublier son point-virgule.
Fini, non sans arrogance, par cette simple question.
Comment tant d’hommes ont-ils tant de difficulté d’écrire ?
Au lever du jour, le soleil se montre curieux.
Se fait prendre pour la lune tout en levant la tête et baissant les yeux.
Profitant du retrait des étoiles.
Quand l’animal s’en aperçoit, le soleil en a déjà pris copie.
Scandalisé, le grand-duc se pointe d’un point final et saisi son envol.
3090 OVERIJSE (Belgica), le lundi 12 janvier 2015.
Thierry MAFFEI.