LA CHENILLE ET LE PAPILLON : (82)
Tu passes ta journée à tout dévorer sur ton passage.
Même entre vous, vous vous bouffez.
Sans arrêt, tu changes de costume à force de grossir.
Plus de choux dans mon potager.
Le feuillage dévoré au sommet de mes peupliers.
L’envie de t’écraser existe en moi ; vilaine petite bête.
Accroche-toi à ta branche avant d’attraper une indigestion.
Je ris en pensant à ceux qui tisseront ma future cravate.
Te voilà, chrysalide, prisonnière de toi-même.
Sans mot dire, tu te fais une nouvelle toilette.
Comme un regret en toi, tu sors de ton purgatoire, grandie et toute légère.
Papillon blanc, papillon jaune, tu flânes, de fleur en fleur, sans faire le moindre bruit.
Admire avec joie tout ce qui reste de ta vie précédente.
J’aurai aimé rencontrer tes cousins de l’amazone et des tropiques.
Jamais plus je ne verrai la femme de la même façon tissée de ton fil.
Tout l’été, tu déambules de fleur en fleur, sèmes le bonheur de tous passants.
Comme seule nourriture ; le soleil te tient en existences.
Pauvre papillon, longtemps, tu voleras.
Déjà, une autre chenille se chrysalide.
De manière inaperçue, elle prend ta place enjolivant nos belles saisons.
Le soleil se fait plus bas et ainsi affaiblit tes forces.
Sur le banc de ma maison, tu te refuges dans l’attente des jours meilleurs.
Petit papillon, tu ne seras plus là.
J’attends avec impatience la prochaine année pour te voir errer dans mon jardin fleuri.
Laisse-moi un peu de mes salades et les verts de mes arbres.
Je te garde du bois et assez de mauvaises herbes pour te nourrir.
À deux, nous en profiterons d’autant plus.
3090 OVERIJSE (Belgica) le 14 février 2010.
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Thierry MAFFEI.